Brume de parfum et exposition au soleil, quels sont les dangers ?

Qui n’a jamais été tenté de se parfumer avant d’aller à la plage ? Hommes ou femmes, difficile de résister à l’appel des senteurs délicates et parfumées. Pourtant ce n’est pas faute de s’être fait rabâcher les oreilles sur les dangers du parfum au soleil. Mais d’où vient cette croyance ? La photosensibilisation du parfum est-elle avérée ? L’alcool cause-t-il vraiment des tâches sur la peau ? Approfondissons le sujet…

La brume de parfum au soleil : qu’est ce qui pose problème ?

Le composant alcoolique dans les brumes de parfum (parfum et eau de toilette) ne serait à priori, pas à l’origine des taches brunes sur la peau. En revanche, ce qui pourrait poser problème lors de l’exposition au soleil d’une brume de parfum végétale, serait la partie concentrée aromatique du parfum responsables de la photosensibilisation. Avant toute chose, penchons-nous sur le composant alcoolique.

Est-ce que l’alcool dans la brume de parfum peut causer une réaction de photosensibilisation ?

Pourquoi y a-t-il de l’alcool dans la brume de parfum ?

Dans une brume de parfum, on retrouve deux composants principaux. Le concentré aromatique, soit la matière première de la brume de parfum. C’est ce qui va donner la senteur à la brume de parfum. Le concentré peut provenir d’origine végétale avec des fleurs de rose, de jasmin ou de plantes comme la verveine. D’origine animale comme l’ambre issue des intestins de la baleine ou d’origine synthétique.

Ensuite, l’alcool dont le nom chimique est l’éthanol est employé comme solvant, c’est-à-dire qu’il va solubiliser, diluer les composés odorants du parfum. Pourtant l’odeur de l’alcool ne reste pas lorsque l’on s’applique une brume de parfum.

Pourquoi ? Tout simplement parce que l’alcool est un composant volatile.

Est-ce que l’alcool dans les brumes de parfum reste sur la peau ?

Avec une faible masse moléculaire, bien plus faible que l’eau (0,78 pour la densité de l’alcool contre 0,99 pour une molécule d’eau) et des molécules peu liées entre elles, l’alcool n’a aucun mal à s’échapper lors de l’application du parfum. À priori, à moins de s’exposer dans les minutes suivant l’application de la brume de parfum, l’alcool n’aurait pas d’incident sur la peau lors d’une exposition au soleil, puisqu’il s’évapore.

Les taches brunes sont-elles dues à l’alcool dans les brumes de parfum ?

Partons du principe que l’alcool ne s’évapore pas. Reconnu comme étant très asséchant pour la peau, perturbant notamment le film hydrolipidique, la barrière naturelle de la peau et fragilisant l’épiderme, l’alcool n’est définitivement pas l’ingrédient préféré de nos routines beauté. Pour autant, peut-on lui prêter des attributs photosensibilisants ?

Est-ce que par nature, l’alcool accentue la sensibilité de la peau aux rayons du soleil entrainant un effet de photosensibilisation et donc l’apparition de taches brunes ?

Malgré un débat qui fait rage sur la question, la réponse serait non.

Cette vieille croyance remonterait à l’époque où était utilisé de l’alcool dénaturé, soit de l’alcool modifié avec un dénaturant type méthanol, pour rendre le parfum impropre à la consommation et empêcher son ingestion. Le méthanol (l’alcool de bois) était un dénaturant très couramment utilisé dans les solvants.

Le méthanol est une molécule photosensibilisante, c’est-à-dire qu’elle s’oxyde, se détériore, sous l’action de la lumière. Une fois appliquée sur la peau, lors d’une exposition au soleil, la molécule peut accentuer la pénétration des rayons par l’épiderme et provoquer des cloques, des rougeurs ou de fortes brulures.

Pour autant aujourd’hui l’alcool dénaturé par le méthanol n’est plus d’usage. Sera utilisé principalement l’éthanol comme composant support dans les parfums.

Les substances photosensibilisantes dans les brumes de parfum

La photosensibilisation quésaco ?

Ce qui est à craindre lors d’une exposition au soleil, c’est un phénomène de photosensibilisation par l’application de molécules synthétiques photosensibles. La photosensibilisation est un état anormalement sensible de la peau face aux rayons UV du soleil. Elle se traduit par une sensibilité exacerbée, l’apparition de rougeurs et des irritations voire même la présence de taches brunes sur la peau. Cet état, conséquence d’un dysfonctionnement chimique dans l’organisme, peut être induit par voie interne, par ingestion médicamenteuse ou par voie externe, en application locale.

Après des applications répétées, l’alcool peut provoquer les mêmes symptômes : rougeurs, brûlures, irritations pouvant prêter à confusion. Bien qu’évaporé au bout de quelques minutes et à priori pas une substance photosensibilisante l’alcool demeure un ingrédient irritant. Une fois la surface de la peau rougie et agressée par l’alcool, une exposition au soleil est fortement déconseillée car elle accentue la brûlure originelle.

Dans une brume de parfum, quelles sont les substances aromatiques ?

Comme expliqué précédemment, la senteur de la brume de parfum provient du concentré d’extraits aromatiques odorants issus d’huiles essentielles, ou d’essences aromatiques. La différence entre les deux réside dans le mode d’extraction. L’huile essentielle est issue par distillation de la vapeur d’eau, tandis que l’essence est extraite par expression à froid qui est un procédé mécanique de grattage et d’extraction d’huile présentes dans les zestes. Les essences sont uniquement fabriquées à partir d’agrumes car seuls ces fruits ont des zestes. Elles permettent d’avoir un arôme plus concentré. D’ailleurs, les essences d’agrumes contiennent des substances photosensibilisantes, dangereuses lors d’une exposition au soleil.

Quelles substances dans les parfums sont photosensibilisantes ?

Synthétisés par certaines espèces végétales, les furocoumarines ou furanocoumarines ou appelés psoralènes, sont des agents toxiques une fois activés par la lumière du soleil. Elles sont notamment à l’origine des phénomènes de photosensibilisation lors d’une exposition au soleil. Cette substance est produite par des plantes à furocoumarines, réparties en 4 familles. Si une brume de parfum contient ces substances, elles peuvent provoquer de graves brûlures sur la peau.

Ces familles sont :

  • Les Rutacées : on retrouve les variétés d’agrumes comme le citron, le bigaradier, la bergamote, l’orange amer mais également les clémentines, les mandarines, les pamplemousses et les cédrats. Toutes ces huilles essentielles ou essences présentes dans les parfums peuvent causer des dermites aigues, de graves brulures et cloques, et une photosensibilisation
  • Les Apiacées : comprenant la carotte sauvage dont l’huile essentielle des feuilles peuvent entrainer des dermatoses , le céléri qui entraine une hyperpigmentation ou encore le persil responsable de dermites pigmentaires soit provoquant de petites taches brunes.
  • Les Moracées : comprenant la figue, contenant de fortes teneurs en furocoumarines.
  • Les Fabacées ou légumineuses comme le Psoralier, fruit originaire d’Asie du Sud-Est.

Pour autant toutes les brumes de parfum ne contiennent pas forcément dans leurs compositions des extraits aromatiques dérivés de ces quatre familles, photosensibles. Néanmoins le citron ou la bergamote restent des senteurs très largement répandues dans les parfums du commerce et il est parfois ardu d’en connaitre la composition exacte…

La législation encadre la composition face au risque d’une exposition au soleil

Depuis l’Annexe II du règlement européen, l’utilisation de furocoumarines dans les cosmétiques, parfum et autre produits cosmétiques susceptibles d’être exposés au soleil, est interdite en raison de leur caractère phototoxique. Dans les brumes de parfum, l’huile essentielle de Bergamote ou de l’essence de Citron sont épurées en furocoumarines, rendant leurs usages sans danger lors d’une exposition au soleil.

Est-ce que je peux utiliser ma brume de parfum lors d’une exposition au soleil ?

Le parfum au soleil : mise en garde

Les furocoumarines photosensibilisantes et phototoxiques étant évincées de la composition des parfums, évitant dans le même temps le risque d’apparition de taches brunes sur la peau ainsi que l’alcool s’évaporant rapidement, nous serions tentés de nous appliquer cette brume de parfum à la senteur délicate de Rose de Damas avant d’aller faire bronzette à la plage.

Pour autant, il est tout de même préférable d’appliquer le principe de précaution lors d’une exposition au soleil et d’éviter l’application d’une brume de parfum au soleil. En conclusion, même si l’alcool peut à priori seulement aggraver une réaction au soleil et non la déclencher, mieux éviter son application lors d’une journée à la plage ou dans un lieu très ensoleillé. Rien ne vous empêche de vous mettre du parfum à la nuit tombée en revanche ! Et en journée lorsque vous êtes au travail ou si vous habitez dans un endroit où le soleil se fait timide.

Margaux SAVEY

 

Les sources

La photosensibilisation

https://booksofdante.wordpress.com/2013/02/08/la-photosensibilisation-cest-quoi/

La composition du parfum, TPE Le parfum

http://tpe-le-parfum.e-monsite.com/pages/description-du-parfum/la-composition-d-un-parfum.html

PDF docteur en pharmacie, Les plantes photosensibilisantes

file:///Users/margaux/Downloads/P20113353%20(1).pdf

Les furocoumarines, université de Strasbourg

http://dictionnaire.acadpharm.org/w/Furocoumarine

Fausses croyances sur l’alcool photosensibilisant, Cosmeticobs

https://cosmeticobs.com/fr/articles/zoom-nouveautes-33/parfums-de-plein-ete-2973

Évaporation de l’alcool, Futura science

https://forums.futura-sciences.com/chimie/3320-certains-liquides-plus-volatils-dautres.html

La volatilité de l’alcool, Futura science

https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-volatilite-15139/

Le soleil et l’alcool, Consoglobe

https://www.consoglobe.com/gel-hydroalcoolique-soleil-danger-cg

Soleil et parfum, Regards sur les cosmétiques

https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/soleil-et-parfums-ne-font-pas-bon-menage-288/

Les substances photosensibilisantes

https://www.medical-beaute.com/fr/blog/parfum-et-soleil-vigilance-n123

Photosensible et photosensibilisant

https://miin-cosmetics.fr/blog/produits-et-ingredients-photosensibles-ou-photosensibilisants/

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